UN LUXE À PORTÉE D’ÉPIDERME

Depuis quand n’avez-vous pas caressé votre cheville? Quelle douceur a la nuque de votre conjoint? Avouez-le: ces endroits subtils, chauds ou froids, ces épidermes pudiques mais pas classiquement érogènes, sont souvent rayés de la carte du tendre, parfois depuis toujours. En restreignant les fonctions du toucher, en les codifiant à l’extrême, en y opposant des interdits, notre culture a muselé le langage du corps… Et pourtant, affamé de tendresse, l’homme occidental n’aurait qu’à prendre modèle sur l’Asie ou l’Inde, où le massage est une activité quotidienne, qui guérit les maux du corps comme ceux de l’âme.

Il existe heureusement à Bruxelles un lieu qui invite à savourer l’instant présent, à s’abandonner sans limite, et nous réconcilie avec l’«amour», ce terme galvaudé qui a perdu, au sein de nombreux couples, sa substance.

Il y a 9 ans, Marie et Thierry Raes ont inventé le concept de massage tantrique à la suite d’une séance à deux au cours de laquelle Marie avait ressenti quelque chose d’unique, au delà de l’excitation purement sexuelle. D’interrogations en essais pratiques, cette infirmière passionnée de médecine chinoise et son mari, praticien de massage depuis 15 ans, adepte de taoïsme et de tantra, ont mis sur pied une technique de massage qui ouvre la voie d’une sexualité plus harmonieuse, plus riche et plus équilibrante. En incitant par exemple à ne plus focaliser sur son plaisir personnel, à s’ouvrir à d’autres raffinements, à dépasser les frustrations.

Un véritable éveil à l’érotisme que le cadre de la superbe maison de maître de l’avenue Albert exalte encore davantage. On y entre comme dans un temple puisque c’est bien de spiritualité qu’il s’agit. Le tantra est une vieille philosophie hindouiste-bouddhiste qui signifie «tissé ensemble»: le corps et l’esprit, le toucher et l’extase. Les salons privés, merveilleusement décorés, sont jalonnés de bougies parfumées, de tableaux et bouquets, disposés autour d’un grand futon central.

Peu importe que la personne qui vous prend en charge, en tenue d’Adam ou d’Eve, soit aussi nue que vous. Après tout, les yeux fermés, comment deviner si c’est la soie d’un bras, d’une paume de main, ou d’une poitrine ou d’une cuisse qui procure cette caresse si douce, ce plaisir immense qui monte par vague? Le corps entier est un clavier dont chaque touche, noire ou blanche, érogène ou pas, s’inscrit dans la chorégraphie. Pas d’autre choix que de s’abandonner, sans tabou, à cette communion des sens. L’énergie du désir monte, mais sans obligatoirement atteindre le point de non-retour. En point de mire: l’extase. Et elle est au rendez-vous. Alors, Tantra, tentera pas?

Mado VUILLET
Novembre 2007