L’éveil des sens
A fleur de peau et à portée de mains
Depuis quand n’avez-vous pas caressé votre cheville ? Quelle douceur a la nuque de votre conjoint? Avouez-le: ces endroits subtils, chauds ou froids, ces épidermes pudiques mais pas classiquement érogènes, sont souvent rayés de la carte du tendre, parfois depuis toujours.
En restreignant les fonctions du toucher, en les codifiant à l’extrême, en y opposant des interdits, notre culture a muselé le langage du corps.
En Orient, il est aberrant de dire qu’une femme est plus sensible aux caresses qu’un homme, de même qu’un maître tantrique serait stupéfait de voir la pauvreté de ce que nous avons décidé de considérer comme des zones érogènes.
En Inde, par exemple, le massage est une activité quotidienne que tout le monde pratique : les femmes massent longuement leurs bébés et les enfants apprennent à faire de même avec leurs parents.
En Asie, depuis des millénaires, le massage occupe le domaine social comme une manifestation d’attentions réciproques.
Les Grecs et les Romains voyaient les choses de la même manière, eux qui se rendaient volontiers au Balneum ou aux thermes, pour s’y faire laver mais aussi frictionner, caresser par des esclaves.
Il faudra donc attendre la fin du XIXème siècle pour que le massage fasse sa réapparition en Europe, introduit par le Suédois Per Henrik Ling.
Paradoxalement, c’est en plein règne du puritanisme qu’il connaît un grand succès. Il faut dire qu’il a trouvé un alibi en béton: ses effets thérapeutiques.
On ne se fait plus masser par plaisir mais pour se soigner.
Et si vous vous faisiez tout simplement plaisir ?!
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